Le début – et tout ce qui a suivi – était un prolongement de son formidable sens de l’aventure.
Ce gamin voulait simplement jouer, tout simplement.
Jouer au soccer et au volleyball sur la plage. Faire du skateboard. Sauter les clôtures pour se baigner après l’heure de fermeture.
Parcourir le quartier sur son vélo à siège banane pour prouver qu’il était le plus rapide du coin.
Jouer à des jeux fantastiques comme Donjons et Dragons au point que lui et ses copains ont décidé qu’il serait génial de transformer le jeu en une mission dans le monde réel.
C’était Simon Whitfield, à l’âge de 11 ans.
Sur un quai flottant du lac Sharbot, en Ontario, cinq dollars scellés dans un sac Ziplock, la précieuse cargaison glissée dans sa combinaison isothermique. La mission de Whitfield et de son ami ? Parcourir à la nage les 11 kilomètres qui les séparent de la rive opposée, sortir de l’eau et entrer directement dans le magasin – et faire tout un plat pour acheter un litre de lait.
Les garçons sont partis. La mission, y compris l’achat de lait, a été exécutée à la perfection. Sauf que la scène spectaculaire qu’ils espéraient créer est tombée à l’eau.
« Nous pensions que c’était vraiment drôle », se souvient Whitfield en riant. « Mais je pense que personne ne l’a remarqué. Nous pensions que tout le monde regarderait par la fenêtre en se demandant comment on était arrivé à la nage, mais ils s’en fichaient ».
Et la distance ? Il s’avère que la distance n’était pas de 11 kilomètres, mais plutôt de 1 500 mètres.
Néanmoins, pour deux jeunes qui cherchaient à passer l’été, l’accomplissement était important, dit Whitfield. « Parce que nous avons réalisé que nous pouvions faire le triathlon du lac Sharbot ».
Ce qui, Whitfield le savait, serait exaltant.
Bien que les détails de la première course du triathlète le plus célèbre du Canada se soient perdus au fil du temps, il est certain que son rythme était effréné, pour le plaisir.
Après la natation, Whitfield a enfourché un vélo de montagne à 10 vitesses emprunté pour parcourir l’étape suivante. Déposant le vélo sur sa béquille, il a enfilé un boxer à motif de vache par-dessus son maillot de bain et mis une casquette de Mickey Mouse sur sa tête. Rayonnant, il a galopé jusqu’à la ligne d’arrivée.
« C’était genial », dit-il, « Bien sûr, c’était censé être une course, mais nous ne faisions qu’aller d’un point à un autre, un peu comme lorsque nous sommes allés chercher le lait ».
« C’était juste une excuse pour écouter la musique qui jouait dans les gradins, passer du temps avec la famille et les amis, puis se vanter : « Ha, ha, j’ai fait ça. J’ai nagé là, j’ai roulé là, j’ai couru là, et je suis arrivé à telle ou telle la place ».
« C’est ce qui était la beauté de la chose ».
Alors que Triathlon Canada se lance dans une campagne nationale visant à mieux faire connaître le sport, à élargir le bassin de participants, à créer une communauté plus diversifiée et plus inclusive, il ne pouvait y avoir de meilleur ambassadeur que celui qui a décroché la toute première médaille d’or olympique offerte de la discipline.
La nouvelle campagne de promotion s’intitule #EssayeDoncLeTriathlon.
Whitfield l’a essayé, l’a adoré et ne l’a jamais regretté.
Lors de la journée inoubliable du 17 septembre 2000 à Sydney, en Australie, Whitfield a été fidèle à lui-même. Il plaisantait à propos des requins avant l’épreuve et évoquait, pendant la course, les jardins botaniques voisins où, jadis, il avait gravé ses initiales dans des pousses de bambou.
Sur le point d’entrer dans l’histoire et de devenir célèbre, le jeune homme, comme à son habitude, s’est amusé comme un fou.
Whitfield incarne la joie du sport.
C’est l’un des messages que Triathlon Canada – grâce au projet pilote #EssayeDoncLeTriathlon – a l’intention de transmettre au cours des prochaines semaines. Pour illustrer les aspects accueillants et gratifiants du triathlon, il y aura du contenu vidéo accrocheur ainsi que des histoires vécues qui seront présentées dans les médias sociaux et sur le site triathloncanada.com.
Certes, les succès olympiques et paralympiques – bonjour Paris ! – augmentent la visibilité d’un sport, mais il est également important d’amplifier les parcours inspirants des athlètes, des entraîneurs, des familles, des organisateurs, des officiels et des bénévoles.
« Je suis convaincu que ça aura un effet », déclare Mark Hahto, directeur général par intérim de Triathlon Canada, à propos de #EssayeDoncLeTriathlon. « Les histoires racontées au sujet des avantages du triathlon contribueront à la sensibilisation et à la visibilité du sport.
« Les histoires à raconter aux jeunes et aux parents sont extraordinaires ».
Car essayer le triathlon – ou toute autre activité – est une expérience positive. Il y a peu d’inconvénients.
« Nous devons donner aux jeunes l’envie de participer », déclare Hahto. « Que ce soit la natation, l’athlétisme ou le cyclisme, c’est génial, mais ça pourrait être le soccer, le volleyball de plage, le taekwondo ou n’importe quoi d’autre.
Pour ceux qui font ce choix, l’épanouissement personnel est au rendez-vous, même si la gloire olympique est encore loin. Mais rassurez-vous, les récompenses peuvent prendre différentes formes, selon Whitfield. Ce qui compte, c’est ce que les gens considèrent comme leur « moment de gloire ».
Le but n’est pas tant de remplir des armoires à trophées que de viser des objectifs, quels qu’ils soient.
Carolyn Murray, entraîneure en chef des para-triathlètes canadiens qui se rendront à Paris, est du même avis. Elle souligne que sa mère, Laurie, a participé aux championnats du monde des groupes d’âge à l’âge de 60 ans.
« Nous savons tous que l’activité physique favorise le bien-être mental, physique et spirituel », déclare Carolyn Murray. « Il est très sain d’avoir plusieurs sports à pratiquer pour rester actif, c’est un excellent équilibre. Bouger de différentes manières, c’est bon pour tout le monde ».
Murray se souvient du moment où on lui a dit : #EssayeDoncLeTriathlon. Athlète sur piste à l’université Simon Fraser à la fin des années 1990, elle était avide de nouveaux défis. Une coéquipière l’a incitée à s’inscrire à un triathlon local. Une averse – et des routes glissantes – ont annulé l’étape de vélo, mais peu importe, elle est restée marquée.
« Ce qui m’a le plus marqué, même lors de cette petite compétition, c’est l’atmosphère positive qui y régnait – une véritable communauté », explique Murray, qui a ensuite participé aux Jeux olympiques de Pékin en 2008. « C’était un milieu vraiment accueillant, un univers différent à découvrir ».
Elle reconnaît le potentiel de croissance du triathlon. Pour une initiée, le concept peut être déconcertant. Qu’est-ce qu’il y a à redire sur son sport favori ?
« On pense que c’est énorme, on pense que tout le monde connaît le triathlon », dit Murray. « Les personnes qui organisent les événements, celles qui font du bénévolat, sont passionnées par ce sport et veulent vraiment le partager, ce qui est génial. Mais la visibilité n’est pas aussi grande que nous le pensons.
« Tous les moyens sont bons pour sensibiliser les gens et les encourager à participer